Rencontre Ouattara-Gbagbo : A quand Sassou-Mokoko ?

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Hypocrisie ou non, le président ivoirien a rencontré le mardi 27 juillet son prédécesseur Laurent Gbagbo au palais présidentiel d’Abidjan dans une atmosphère affectueuse. Il s’agissait de leur premier face à face depuis 2010 après la crise post-électorale qui a coûté la vie à plus de 3.000 ivoiriens. Une occasion qui a permis à ces deux hommes d’aborder le sujet de la réconciliation nationale et appeler les ivoiriens à rompre avec le passé. 

Une rencontre qui vient appuyer le projet de réconciliation nationale tant voulu par le président Alassane Ouattara. Une réconciliation qui devrait respectivement se faire grâce au dialogue et de l’entente mutuelle entre ces deux icônes de la politique ivoirienne, tous deux auteurs de la crise destructrice de 2010 qui a totalement divisé le pays. « Cette crise a créé des divergences, mais cela est derrière nous. Ce qui importe, c’est la Côte d’Ivoire, c’est la paix pour notre pays. Nous avons convenu de nous revoir de temps en temps. C’est important de rétablir la confiance et que les Ivoiriens se réconcilient et se fassent confiance également » a déclaré Alassane Ouattara.

C’est dans l’intérêt commun de la nation que les deux hommes politiques ont décidé de mettre le profil bas afin d’assurer ensemble un développement et une réconciliation nationale.

C’est la démarche qu’aurait pu suivre les politiques congolais après la guerre civile du 5 juin 1997 qui avait entrainé plus d’impact en vies humaines et plusieurs dégâts matériels que la crise post électorale de la Côte d’Ivoire de 2010. 

A titre de rappel, la guerre civile du Congo avait coûté la vie à plus de 400 000 personnes soit près de 10 % de la population du pays. Un conflit à la fois ethnique et politique qui a opposé le président Pascal Lissouba et à Denis Sassou Nguesso.

Avec des conséquences encore visibles sur le sol congolais, cette guerre avait un impact profond dans la société congolaise car elle a transformé et divisé la ville entre le nord et le sud. Des quartiers entiers du centre-ville se sont dépeuplés, les habitants de la capitale congolaise avaient mis en place des nouvelles stratégies résidentielles afin de s’éloigner du centre-ville jugé trop risqué.

Après la guerre, le président Denis Sassou Nguesso a eu pour cheval de bataille la réconciliation nationale. Devant ces tentatives de paix, une rencontre fraternelle entre le président Denis Sassou Nguesso et Pascal Lissouba aurait garanti la paix et soigner les plaies des victimes et des proches des victimes. «  Je peux aller travailler ou rendre visite à quelqu’un dans les quartiers Sud de Brazzaville, mais acheter une maison et vivre là-bas je ne peux pas car j’ai l’impression que nous les personnes du nord, nous sommes mal vue là-bas avec tout ce qui s’est  passé dans entre les parties du pays. »  a indiqué un jeune brazzavillois vivant au quartier Djiri effrayé comme certains  brazzavillois.

Pour un Etat meurtri par des conflits sociaux politiques, la réconciliation nationale est le chemin nécessaire pouvant aboutir à un développement. C’est dans la même perspective que la Côte d’Ivoire a décidé de mettre derrière elle  le passé afin de préparer le pays vers un avenir meilleur.

Pour une réconciliation totale et équilibrée, Laurent Gbagbo a su aborder le sujet des prisonniers politiques détenus depuis la meurtrière crise postélectorale de 2010. «  J’étais leur chef de file et moi je suis dehors aujourd’hui. Eux, ils sont encore en prison, j’aimerais que le président fasse tout ce qu’il peut pour les libérer » a déclaré Laurent Gbagbo devant la presse Ivoirienne et internationale..

Devant les faits et réalités, les congolais aussi nourrissent d’espoir de voir un jour Denis Sassou Nguesso gracier les prisonniers comme Jean Marie Michel Mokoko, André Okombi Salissa… des grandes figures de l’opposition congolaise condamnées d’atteinte à la sureté intérieure de l’Etat. « Si la Côte d’Ivoire fait passer l’éponge à cette guerre de plus de 3.000 personnes et de milliers de blessés, pourquoi pas aux autorités congolaises particulièrement au premier magistrat de faire autant à Jean Marie Michel Mokoko et André Okombi qui ont été des figures emblématiques lors du référendum de 2015 qui a conduit au changement de la Constitution et  a occasionné des émeutes. » a indiqué Brell Massengo habitant le quartier Moukondo. 

Il faut signaler que, depuis la fin des indépendances, les pays Africains se font renverser de jour au jour par des conflits sociaux politiques qui mettent en péril la bonne marche des états dans la course vers le développement. La situation actuelle de la Côte d’Ivoire devrait servir d’exemple aux dirigeants qui font des problèmes politiques, des problèmes personnels.

L’Afrique devrait comprendre que les conflits politiques se règlent avec des débats instructifs qui peuvent contribuer au développement.