La lettre ouverte de Dave Mafoula au chef de l’Etat

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Dave Mafoula, président des Souverainistes

« Pour la préservation de la paix sociale : plaidoyer contre l’indifférence gouvernementale. » Tel est l’objet de la lettre ouverte adressée au Président de la République par l’ancien candidat à l’élection présidentielle de 2020, Uphrem Dave Mafoula, président du Parti Les Souverainistes le 13juillet 2023.

« Du progrès économique et social, à proprement parler, voilà qui fait élever ma voix parmi celles des millions de congolais qui, depuis votre réélection, n’ont cessé d’être impatient d’un renouveau politique. Ils assistent avec stupeur à la manière dont votre gouvernement exerce la pression sur eux et sur les entreprises, à travers deux leviers : la pression fiscale (impôt et taxes) et la pression inflationniste (hausse des prix) », écrit-il. 

« D’imprudence en imprudence, malheureusement, votre gouvernement continue de trainer les congolais dans toutes sortes d’incongruités économiques et sociales. Pour preuve et pour ne rien arranger, sa récente décision de suppression de certaines subventions étatiques dans des secteurs élémentaires de la vie quotidienne, comme en témoigne l’augmentation brutale et abusive des prix des carburants à la pompe qui, en 6 mois, sont passés de 595 frs à 625frs et, à compter de ce 15 Juillet, de 625 à 775 frs CFA pour ce qui est du Super, soit une augmentation de 30%. L’objectif étant d’ailleurs d’atteindre une augmentation de 65%, soit près de 1000 frs CFA le litre. » Pouvait-on lire. 

Ce dernier rappelle au Président de la République, qu’au-delà de ce qu’il remplit ici comme devoir citoyen, celui de dénoncer toute dérive gouvernementale, c’est d’abord et avant tout en tant qu’ancien adversaire électoral lors de la Présidentielle de Mars 2021, qu’il lui adresse cette lettre en lui rappelant que la paix et justice sociales, des congolais se trouvent plus que jamais menacées par de possibles montées de tensions et de colère sociales, dues par cette décision de suppression de certaines subventions étatiques qui les ont, par ailleurs, longtemps résorbés jusqu’ici, à défaut de les éradiquer par une plus grande justice sociale. 

« Faudrait-il vous rappeler, votre Excellence, que les congolais vous ont refait confiance en Mars 2021, à travers un projet de société essentiellement fondé sur les solidarités sociales et l’interventionnisme de l’Etat ? 

Les conditions d’épanouissement socio-économique des congolais sont loin d’être réalisées à ce jour. Ce qui justifie la question légitime que tout le monde se pose, que ce soit le retraité qui perçoit difficilement sa pension de retraite ; l’étudiant qui ne perçoit pratiquement plus sa bourse ; la pauvre maman vendeuse au marché qui doit se battre pour joindre les deux bouts des journées ; le jeune qui vit de son revenu informel au quotidien ; le travailleur qui gagne durement sa vie avec des conditions sociales peu dignes ; est celle de savoir : où est- ce que tous ces congolais trouveront, en l’état actuel de notre société et de son économie , les revenus supplémentaires, pour faire face à ces hausses de prix ? » Va-t-il s’interroger 

« Excellence Monsieur le Président de la République, loin de moi ici, toute prétention à la réfutation systématique de cette logique économique qui a historiquement fait ses preuves ailleurs. Dans un contexte différent du Congo actuel, ces mesures pouvaient être opportunes. Mais en l’état actuel des choses, elles sont non seulement inopportunes, mais aussi imprudentes. Et ce, d’autant plus que le Congo cède là, à des exigences externes. Rien que sur le plan des négociations, cela s’apparente à un échec. Mais rien de bien surprenant, quand on aime à mener la politique d’endettement et de demande d’aide auprès des bailleurs internationaux, ce qui rend notre pays vulnérable, en lieu et place d’une véritable politique de création des richesses nationales, par une diversification de l’économie qui soit tout sauf un simple slogan de campagne et qui nous permette de vivre sans toujours faire recours au FMI. 

Ce n’est pas parce que le FMI préconise la suppression des subventions comme condition d’obtention d’aides financières, que nous sommes contraints d’accepter et augmenter les prix des carburants à la pompe de 5 % ; 30 % et finalement atteindre les 65 % exigés. Sur le plan des négociations entre partenaires, c’est un aveu de faiblesse et d’impuissance. Des négociations, justement, les congolais ne perçoivent toujours pas le sens moral des propos du Premier Ministre, vous ayant momentanément fait des éloges pour la réussite de votre implication personnelle dans les négociations, pour n’avoir accepté qu’une augmentation de 5%, mais que finalement, des mois par la suite, la réalité tend à vous confondre. Cette attitude qui exclue la réserve due aux fonctions de Premier Ministre me parait moralement incongrue. On ne peut dire le contraire du temps observé entre les deux moments dans l’augmentation des prix des carburants. 30% en 6 mois, cela s’apparente à une légèreté. 

On ne peut dire, encore moins, du contraire, dans les procédures de dialogue avec les partenaires socio-économiques nationaux, avant la prise de décision. Cela s’apparente à une inconsidération de leurs points de vue. 

Excellence Monsieur le Président de la République, la vérité, c’est que les congolais souffrent de votre politique. Cette énième atteinte à leur souveraineté financière, engage désormais le sens moral de vos différentes promesses. Car toutes ces mesures prises ou en cours, se font dans l’indifférence totale des souffrances réelles des congolais, qui s’aperçoivent de votre manque de volonté de diriger le Congo différemment… 

Excellence Monsieur le Président de la République, vous portez sur vos épaules la responsabilité des faiblesses actuelles du Congo. A la place de votre politique qui soumet la volonté nationale au diktat des puissances financières internationales, puissance qui, parfois, imposent sans pacifier, je plaide pour une démarche politique qui écoute le peuple, qui tient sensiblement compte de ses réalités, lui fait confiance et trouve avec lui et pour lui, des solutions efficaces. Car il faut gouverner avec le peuple et non contre lui. 

Cela pacifie le pays. Je plaide pour une autre politique, celle dont les règles et les décisions économiques ne nous seront aucunement dictées d’ailleurs. Je suis favorable à la démarche consistant à trouver, en interne, des solutions à nos problèmes, afin de renforcer notre souveraineté et redevenir maitre de notre propre destin. 

Lors de l’élection Présidentielle de Mars 2021, j’ai proposé, pour le bien du Congo, des mécanismes de refinancement de notre économie, sans être contraint par l’option d’endettement auprès des bailleurs internationaux. Entre autres propositions, figurait la nécessité de réduction du train de vie de l’Etat. Ce point mérite énormément réflexion, car ce qui devient moralement inadmissible dans tous les procédés actuels de votre politique, c’est de remarquer que votre gouvernement a le courage de tout faire pour grignoter les maigres revenus des congolais, mais qu’il en manque énormément quand il faut, par exemple, revoir à la baisse vos rémunérations, celles des ministres et des députés ; les frais de missions, les budgets alloués à certaines institutions, etc. 

Dans mon projet de société, j’y suis allé, pour des besoins de l’heure, jusqu’à proposer la suppression du Sénat et des conseils consultatifs nationaux, le temps de remonter la pente ; mais aussi la réduction du nombre des députés (90 au lieu de 151). Cela me parait théoriquement conséquent et techniquement à même de réduire le train de vie de notre Etat. Si l’on associe toutes ces mesures à la suppression de certaines exonérations accordées à des entreprises et à certains cadres de l’Etat, à tous les niveaux, je pense courageusement que le pays respirera financièrement. 

Voyez donc en cette adresse, non pas mon plaidoyer contre cette forme d’indifférence gouvernementale, mais celui des millions de congolais pour qui la situation est déjà extrêmement insupportable. Pour préserver la paix sociale dans notre pays, je vous formule la demande républicaine de revoir votre démarche. Toute la raison de ma lettre ouverte dont le but est d’attirer votre attention sur les dérives et risques majeurs vers lesquels votre gouvernance nous conduit. 

De la même façon que j’ai garantie aux congolaises et aux congolais mon sens élevé de l’intérêt général, je remplirai mon devoir républicain, celui d’œuvrer en faveur de la préservation de la paix social. Raison pour laquelle, je lance ici, mon cri d’alarme, parce que vous seul, avez l’obligation morale et politique d’agir pour défendre le peuple congolais, afin d’apaiser le moral de la nation, car la goutte d’eau qui déborde n’est jamais assez loin et n’est jamais connue d’avance. Qu’il vous plaise donc, Excellence Monsieur le Président de la République, de sauver votre honneur en prenant une décision audacieuse, pour préserver la paix sociale dans notre pays. Car cette situation, au-delà de l’inflation alimentaire, déjà en hausse, favorisera l’inflation générale et impactera considérablement le pouvoir d’achat des congolais. Ils sont déjà exposés à la précarité et aux violences multiformes de la vie et risquent de connaitre un renchérissement réel du coût de la vie. » a fait savoir le président du Parti Les Souverainistes.