Aux grands Hommes, la reconnaissance de la nation : Jean Malonga, premier écrivain congolais

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Né le 25 février 1907 à Kibouendé au Moyen-Congo, Jean Malonga fut le premier écrivain de la République du Congo et sénateur de la IVe république française. À l’âge de 15 ans, il devient infirmier à Brazzaville. Autodidacte, Jean Malonga passe son certificat d’étude élémentaire à l’âge de trente-cinq ans. Il s’engage très tôt en politique auprès du Rassemblement démocratique africain (RDA) actif en Afrique-Équatoriale française. Il en dirige le journal, AEF Nouvelle, un mensuel qui est aussi diffusé en France par le parti progressiste.

Sa postérité littéraire

Romancier et conteur consacré à la culture du Congo, Jean Malonga a étudié les mœurs et coutumes du Congo et en se penchant sur le problème des relations entre Blancs et Noirs. En dehors de trois ouvrages de légendes publiés au Congo, ses deux romans sont «  Cœur d’Aryenne «  et «  La Légende de M’Pfoumou Ma Mazono »  tous deux publiés par Présence Africaine.

En effet, Jean Malonga construit sa fiction à travers une peinture pittoresque et romantique qui mêle les laideurs et les beautés physiques et morales d’un passé colonial. Le statut rétrograde de l’indigène et les maltraitances qu’il subit éclairent sans doute sur les raisons d’une quête légitime de libération de l’africain face aux pesanteurs du système colonial. 

En 1953, l’auteur révèle l’intérêt socio-historique et utilitaire de Cœur d’Aryenne comme un cri de révolte contre le mal colonial, un mal universel et intemporel. Le roman suscite la question de l’humanisme des idées prônées au nom de la civilisation en contraste à la réalité coloniale avec sa cohorte d’antivaleurs. Cœur d’Aryenne  s’affiche donc comme un témoignage à valeur de mémoire sur un pan de l’histoire de l’Afrique. Une histoire qui mérite d’être assumée dans toute sa crudité, une histoire qu’il faut également transcender malgré tout pour construire une Afrique plus vivable dans la complémentarité des différences et l’acceptation des métissages.

Cependant, Cœur d’Aryenne ne dénonce pas seulement les travers de la colonisation, il met surtout en relief le triomphe de l’amour sur la raison, valeurs universelles qu’on retrouve chez tous les peuples du monde. L’homme noir apparaît dans le roman comme un personnage sensible à la souffrance, voire plus émotif que le blanc endurci par une nature plus cartésienne. Une vision qui semble rejoindre positivement la fameuse boutade de Senghor dans «l’émotion est nègre et la raison, hellène».

Son roman La légende de Mfoumou Ma Mazono a été adaptée au cinéma par le cinéaste congolais Sébastien Kamba dans son film La Rançon d’une alliance en 1974. Par contre, Cœur d’Aryenne est un récit d’amour entre Solange une fille française et Mambéké un jeune congolais. L’intrigue se déroule à l’époque coloniale dans les localités de Mossaka, au nord du Congo, et de Brazzaville, la capitale.

Bien que la génération actuelle a longtemps entendu parler de ce premier ouvrage littéraire commis par Jean Malonga, le premier écrivain congolais, l’œuvre était devenue introuvable depuis sa première publication en 1953 dans un numéro spécial de la revue Présence Africaine, alors qu’elle n’a jamais cessé d’être mentionnée, malgré l’absence de support, dans le cursus scolaire national, particulièrement au lycée.

Parcours politique

Jean Malonga devint parlementaire au Conseil de la République et siégea à l’Assemblée Nationale de 1948 à 1955.Rattaché à la SFIO, il participe aux commissions de la France d’outre-mer puis de la production industrielle. Il défend en métropole les intérêts des populations autochtones et des territoires d’outre-mer, et aborde les questions de sécurité sociale et d’enseignement dans les colonies françaises en Afrique. Dès 1951, il émet des doutes sur la réelle efficacité de l’Union française et réfléchit sur les alternatives possibles.

Jean Malonga décède le 1er août 1985.